Pourquoi utiliser l’hypnose lorsque l’on est sophrologue ?
Le sophrologue est un spécialiste de l’accompagnement en cas de maladie chronique, de mal-être ou d’autres pathologies en lien avec le corps et l’esprit.
L’utilisation de l’hypnose en cas de douleurs chroniques et/ou pour transformer un comportement (qui est vécu comme inconscient) est un vrai plus. En séance, je fais appel à la créativité de mes patients et à leur inconscient.
Milton Érickson pense l’inconscient comme une ressource profonde, bien plus profonde que la conscience.
Alfonso Caycédo, le créateur de la sophrologie a hésité à appeler sa méthode hypnose. Les deux hommes viennent du continent américain et sans doute que leur ouverture au monde en a été imprégnée.
Il semble que la science valide l’apport de l’hypnose dans le traitement de la douleur.
Une équipe de chercheurs canadiens sous la houlette de Pierre Rainville montre que l’hypnose peut agir sur la douleur. Elle agit sur la sensation ou l’émotion. En effet, ces deux composantes coexistent dans tout stimulus douloureux : un caillou dans la chaussure fait mal, mais n’inquiète guère, tandis qu’une douleur au ventre ou dans la poitrine, même modérée, peut être très anxiogène. Sous hypnose, tout en maintenant une stimulation constante (au moyen d’une sonde thermique à 47 °C par exemple), on peut suggérer que l’intensité de la douleur s’accroît, mais pas son ressenti émotionnel, ou bien l’inverse.
Dans les deux cas, la douleur augmente, mais ce ne sont pas les mêmes zones du cerveau qui s’activent. Autrement dit, les composantes sensorielles et affectives de la douleur sont dissociables, tant sur le plan subjectif que sur le plan neurologique.
«Ces premiers résultats ont permis d’asseoir une crédibilité scientifique pour l’hypnose. Depuis lors, des centaines d’études ont été menées, tant dans le domaine clinique que dans le domaine des sciences cognitives. » Explique Mme Brune, journaliste scientifique.
J’utilise pour ma part, les métaphores. Nous les construisons ensemble dans un état de transe partagée.
Les résultats sont bluffants. Les personnes ayant des fibromyalgies semblent extrêmement réceptives à l’hypnose. Pour certaines d’entre elles, elles vont redécouvrir pendant quelques heures, voire quelques jours l’absence de douleurs ou une douleur atténuée. Ce qui est déjà beaucoup. Nous pouvons aussi agir en opérant une substitution d’une sensation en la remplaçant par une autre. Alors la sophrologie peut entrer en action en proposant un travail de répétition vivantielle.
Dans une étude récente, réalisée par Stuart Derbyshire, une sonde thermique est placée sur la paume de la main de sujets hypnotisés.
Les participants sont prévenus qu’un stimulus douloureux (la sonde atteignant 48,5°C) se produira toutes les trente secondes. Mais dans la moitié des cas, le stimulus n’est pas administré – la sonde reste froide. Les sujets ressentent pourtant la douleur et présentent les mêmes schémas d’activation neuronale que si la sonde était chaude. Ainsi, le cerveau qui s’active normalement sous l’effet d’un stimulus pour l’amener à la conscience peut également « travailler à l’envers » et s’activer sous l’effet d’une suggestion. » Ajoute Élisa Brune.
Pour les neurophysiologistes, la conscience émerge du cerveau et n’a pas d’action sur le corps. Avec une approche comme l’hypnose et la sophrologie, nous montrons qu’en modifiant l’expérience subjective, nous pouvons modifier la physiologie. Et c’est là que là, que pour moi, la sophrologie peut entrer en jeu. Si comme l’écrit L. Chertok, spécialiste des neurosciences « On peut provoquer un changement corporel au niveau cellulaire par des moyens purement psychologiques ». Le travail avec un sophrologue peut entraîner un mieux être. Il avait même expérimenté sur deux patientes la production de brûlures par suggestion hypnotique. Mais l’opinion scientifique demeura qu’un processus psychique ne pouvait pas agir sur des fonctions physiologiques ne relevant pas du système volontaire.
L’hypnose implique-t-elle une perte de la volonté ?
Observer un cerveau fonctionnant sous hypnose permet de distinguer un type de mouvement à la fois conscient et volontaire.
Fermez les yeux et pensez que vous mangez un citron. Vos glandes salivaires s’affolent à la seule évocation précise du citron, De même, nos doigts se rétractent à la simple idée d’un coup de marteau. La différence, c’est que vous êtes conscient qu’il s’agit d’une fiction. Sous hypnose, il se passe quelque chose en plus pour que la conscience soit trompée.
Une expérience extrêmement intéressante permet de commencer à comprendre où se joue cette modification. L’un des effets classiques testés en séance d’hypnose consiste à dire au sujet que son bras est léger, de plus en plus léger, si léger qu’il va se soulever tout seul. Chaque fois que le sujet répond à cette suggestion, le sceptique dira qu’il simule. Le sujet, lui, prétend que son bras s’est levé tout seul. Or, il est bien évident que seuls les muscles du bras peuvent avoir provoqué ce mouvement.
Le cas semblait donc inextricable, jusqu’à ce que l’on observe par TEP (tomographie par émission de positrons), dans une étude de Sarah-Jayne Blakemore, que le cortex moteur est actif (les muscles fonctionnent effectivement.), alors que dans la zone liée à la conscience du mouvement (cortex pariétal), il ne se passe rien juste avant le mouvement, puis une activation brutale a lieu juste après. Ce profil d’activité est identique à celui qui se produit lorsque le bras est mis en mouvement par un agent extérieur (quelqu’un vous soulève le bras sans prévenir.) : calme plat suivi d’un effet de surprise. Dans un mouvement volontaire, au contraire, l’activation a lieu juste avant le mouvement et s’éteint après.
Cette attitude profondément humaine a été utilisée dans l’hypnose de spectacle. En tant que praticien en hypnose, cela peut nous aider à montrer que parfois notre corps agit lorsqu’on lui demande de façon plus ou moins consciente, et cela, sans effort. Lorsque par exemple, nous sommes comme hypnotisés par un paquet de cigarette, une bouteille de bière ou le frigidaire qui nous appelle. Il y a une part d’inconscient… Et peut-être peut-on alors déjouer cette transe par une autre transe que nous allons expérimenter.
Il est impressionnant de voir à quel point notre inconscient devient notre allié contre ce qui nous dépasse.
E.C.